Au-delà de l’Empire
Sommaire
Al-Massud et le Désert Pourpre
Au terme de la Grande Guerre qui vit le départ des Dieux Jumeaux et la fin de l’Age de Diamant, la péninsule au sud d’Ilburia fut dévastée et devint un désert stérile et dangereux, dont on dit qu’il prit la couleur pourpre à cause de tout le sang qui y fut versé.
Délaissés et affaiblis, les Humains qui y vivaient exigèrent l’aide du restant de l’Empire pour se reconstruire. Ce dernier, lui aussi saigné à blanc par les combats, ne put intervenir. Désabusés et se sentant abandonnés, les peuplades du nouveau désert firent alors sécession et se réfugièrent sur la côte du Golfe Opalescent pour y fonder des enclaves indépendantes.
Lorsque l’information arriva aux oreilles de l’Empereur, il ne put tolérer une telle infamie : scinder ainsi la grande œuvre des Dieux était une véritable hérésie. Toutefois, l’Empire avait besoin de se reconstruire lui aussi, et il était inconcevable de déclencher une nouvelle guerre.
Plusieurs générations passèrent, mais le ressentiment qui couvait au fond des cœurs Impériaux ne s’effaça pas. En l’an de grâce 303, l’Empereur Julius le Sage décréta que le moment était venu, et prit la tête d’une puissante armée au sud d’Abracaz. Le but était de reconquérir ces terres dévastées et faire revenir les hommes et femmes qui y survivaient dans le giron Impérial. Mais au passage de la Lande de Sel, alors que l’ost campait pour la nuit, trois mystérieuses vieilles femmes aveugles se présentèrent devant la tente de l’Empereur. Nul ne sut comment elles étaient parvenues aussi loin dans le campement et, intrigué, Julius décida de les écouter. Elles se présentèrent comme étant des Voyantes, et qu’à travers elles les Dieux Jumeaux partageaient des présages du futur et des visions de ce qui pourrait arriver. Nul ne sait précisément quels secrets elles révélèrent à Julius ou de quels subterfuges elles usèrent, mais au petit matin l’Empereur fit faire demi-tour à ses hommes et reconnut Al-Massud, nom que se donnaient les peuplades du désert unifiées, comme une nation à part entière.
Plus tard, il advint que les Al-Massudiens possédaient une grande quantité de Kaars, et avaient grand besoin de matières premières dont leurs terres faisaient grand défaut. Un commerce maritime florissant se développa alors dans le Golfe Opalescent, et les négociants du désert acquirent la réputation de toujours payer rubis sur l’ongle.
Les Al-Massudiens vénèrent les Dieux Jumeaux avec autant d’ardeur que les Impériaux, à quelques différences dogmatiques près. Tout d’abord, ils considèrent que l’abandon qu’ils ont subi les autorise à ne pas devoir s’en remettre à l’Empereur ; ensuite, ils ne reconnaissent pas l’autorité de la Confrérie sur leurs terres ; et enfin, ils sont persuadés que le don de Voyance est un cadeau des Dieux pour corriger l’erreur d’avoir donné aux Hommes la Magie. En effet, pour eux les Voyants sont supposés savoir et conseiller, là où les Mages décident et agissent selon leur bon vouloir.
Séléchant et les Marches d’Echönden
La cité-principauté de Séléchant est engoncée dans la vallée d’Echönden, entre les territoires Nains et l’Empire. Contrairement à ce dernier, le progrès n’y est pas vu comme une infamie, mais plutôt comme la suite logique de l’évolution humaine. Il faut dire que cet attrait n’est pas anodin : la ville toute entière est une zone de « Magie morte », où la plus puissante des Magiciennes n’est plus qu’une vieille femme emmitouflée dans un manteau de couleur. Les Séléchantais aiment se targuer que c’est l’impuissance de la Confrérie qui a prévenu la conquête des Marches d’Echönden et son agrégation à l’Empire ; toutefois les esprits plus avisés expliquent cela davantage par un désintérêt de fond des Empereurs pour ce lieu. Séléchant a ainsi pu prospérer en commerçant à la fois avec Fiercueil et les cités Naines avec qui leur soif de science a été un élément de rapprochement déterminant.
Les Nains
Le peuple Nain vit reclus dans la Cordillère des Pics Blancs. Ils ne sortent jamais de leurs bastions creusés à même la roche qui s’étendent sur des Lieux et des Lieux sous la montagne.
Inventeurs de génie, ils utilisent le métal qu’ils extraient du cœur de la terre pour construire des objets et des machines plus folles les unes que les autres. Pourtant, les Ingénieurs Nains sont cupides et discrets. Le plus souvent, chacun d’entre eux emporte ses secrets dans sa tombe, ne laissant derrière lui que des prototypes plus ou moins inachevés.
Les Nains commercent avec l’Empire de manière régulière, invitant les négociants Humains à se rendre dans leurs cités souterraines pour échanger objets, métal et pierres précieuses contre des denrées des plaines. Pour autant, l’accès aux étrangers est régulé et restreint exclusivement aux quartiers commerciaux, les Nains ayant bien trop peur que les Impériaux viennent voler leurs secrets et s’emparer de leurs richesses. Casaniers, il est en revanche extrêmement rare et incongru de voir un Nain parcourir les terres de l’Empire.
Au final, si ce n’est à travers le prisme du commerce, le peuple de la montagne reste très mystérieux. Les Nains sont très évasifs quant à leur religion et leurs coutumes, et s’ils ne sont pas hostiles aux Dieux Jumeaux et qu’ils les prient de temps à autre, nul ne saurait affirmer qu’ils ne vénèrent pas d’autres divinités tutélaires.
Les Nains possèdent un alphabet et une langue bien à eux, qu’ils utilisent pour tout ce qui n’a pas attrait au commerce. La complexité de ceux-ci contribue également à la méconnaissance de la culture Naine.
Les Plaines de Séquéa
À l’ouest de la Cordillère des Pics Blancs s’étendent de vastes plaines fertiles où les humains ont élu domicile depuis des temps immémoriaux. Leur statut est assez inédit dans le sens où, bien que n’étant pas intégrée à proprement parler à l’Empire, la région est sous sa tutelle depuis l’avènement des Dieux Jumeaux et n’est pas considérée par la Confrérie comme une nation étrangère. Il s’agit même d’une destination de choix pour les Mages et Magiciennes les plus aventureux, où la proximité des Collines des Ombres et des Bois sauvages — extension des hostiles Terres Brunes — en font un endroit particulièrement dangereux. La vie y est rude et les Séquéiens apprennent à manier les armes dès leur plus jeune âge. Le système politique des Plaines est très différent de l’Empire, et le pouvoir y est exercé par les Ruthis — chef de village en Ancien Ilburien— qui sont élus par les autres villageois. Une fois l’an, les Ruthis se réunissent à Chalden, la capitale, afin de tenir conseil et de discuter des affaires dont la portée dépasse celle de leur propre bourgade. La notion de noble famille et de lignée n’a pas cours dans les Plaines, et les gens ne portent pas même de nom de famille. Bien que les Séquéiens ne nourrissent aucune animosité envers les Impériaux, en retour ces derniers les considèrent comme des « ploucs » sous-développés.
Les Féhérides
Ces créatures sylvestres se terrent sous les frondaisons de Sënn-Gar, la forêt-pays qui recouvre la moitié d’Ilburia. Honnies par les Humains, personne ne peut se targuer d’en avoir aperçu une et d’être encore en vie. Les textes anciens les plus fiables les décrivent comme des humanoïdes émaciés, légèrement plus petits que les humains, à la chevelure blanche. Toutefois, d’autres gravures et descriptions se contredisent, les présentant tantôt avec des yeux privés de pupilles, tantôt à la peau de couleur verte. Si une chose est certaine en revanche, c’est que ces êtres font partie des races intelligentes au même titre que les Humains et les Nains, ce qui en fait des ennemis d’autant plus dangereux. Depuis la Grande Guerre, ces créatures font profil bas ; toutefois, les Impériaux habitant à proximité de la frontière se gardent bien de s’approcher de la lisière de la forêt. D’aucuns affirment que les Féhérides sont immortels, ce qui n’a pas été sans susciter la convoitise de certains, et ce depuis bien longtemps — mais on raconte beaucoup de choses sur des créatures qui n’ont pas été vues de vie d’homme. Des histoires circulent sur des aventuriers qui seraient devenus fous simplement pour avoir campé trop près des arbres de l’Océan Vert, d’autres auraient retrouvé des cadavres criblés de flèches taillées dans un bois plus solide que l’acier…
Ces créatures sylvestres se terrent sous les frondaisons de Sënn-Gar, la forêt-pays qui recouvre la moitié d’Ilburia. Honnies par les Humains, personne ne peut se targuer d’en avoir aperçu une et d’être encore en vie. Depuis la Grande Guerre, ils font profil bas ; toutefois, les Impériaux habitants à proximité de la frontière se gardent bien de s’approcher de la lisière de la forêt. Des histoires circulent sur des aventuriers qui seraient devenus fous simplement pour avoir campé trop près des arbres de l’Océan Vert, d’autres auraient retrouvés des cadavres criblés de flèches taillées dans un bois plus solide que l’acier…