Lore

Belgris et les chiens de la Chapelle des Glaces

Fonrinet a toujours été une terre montagneuse et au climat hostile — certes moins que Norgac — mais les étendues gelées de l’une valaient bien les pics mortels de l’autre. Nombreux sont les voyageurs à avoir été surpris par des chutes de neige aussi rapides qu’abondantes, et ensevelis sous plusieurs mètres de fraiche.

Pour les plus fervents adorateurs des Jumeaux, une telle mort, dans le froid et loin de la lumière des Dieux, était la plus terrible des fins, car l’âme du défunt ne pouvait rejoindre le Nirhalla. Des jeunes hommes et femmes vigoureux de Fonrinet se réunirent dans des chapelles situées sur des éminences rocheuses, surveillant les nombreuses passes de la région. Leur labeur était dur, et s’ils emmenaient les rescapés se mettre au chaud dans leurs chapelles, force était de constater qu’ils arrivaient bien souvent trop tard. Il fallait attendre l’apogée de la saison du dragon pour retrouver les corps dégelés et brisés par la force des glaces. Petit à petit, ces pèlerins qui dédiaient leur vie à sauver celle de leur prochain furent vus d’un œil mauvais œil, leur présence étant devenue symbole de malheur plutôt que de réconfort. On commença par ne plus leur apporter de nourriture. Puis on détournait le regard lorsqu’on les croisait. Et finalement, ces pèlerins de la Chapelle des Glaces furent même chassés des villes et peinaient à survire dans la plus extrême précarité.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, les chapelles tomber en ruines et la vocation se perdre au fur et à mesure, si un Mage du nom de Torim l’Etourdi ne s’était pas rendu en Fonrinet pour une affaire urgente au beau milieu de la saison de la guivre. N’usurpant point son surnom, Torim se laissa surprendre par une avalanche, et son escorte n’y survécut pas. Usant de sa Magie, il survécut miraculeusement, bien que grandement affaibli. Les pèlerins de la Chapelle des Glaces furent sur place rapidement, et leur chien creusa l’épaisse couche de neige pour trouver le Mage gisant en hypothermie. Ils le sauvèrent de la morsure fatale du froid en l’amenant dans leur refuge.

Lorsque Torim sortit de sa léthargie, l’énorme chien roux, Belgris, s’était lové au creux de ses reins et lui faisait profiter de sa chaleur corporelle. Souhaitant remercier ses sauveurs, l’Etourdi partagea sa flamme intérieure avec Belgris, le liant par un puissant enchantement héréditaire. Depuis lors, la progéniture du gros chien roux exhale une puissante chaleur capable de faire fondre la neige aux alentours et réchauffer les voyageurs imprudents. Chaque chapelle de Fonrinet se vit offrir un de ces énormes canidés aux poils longs, devenus symbole d’espoir et de puissance.

À partir de cette époque, on ne persécuta plus les pèlerins de la Chapelle des Glaces.

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